Deux des policiers qui étaient gravement blessés lundi à l’Université de Kinshasa sont décédés ce mardi. La nouvelle a été confirmée par le Général Sylvano Kasongo, Inspecteur provincial de la Police/Kinshasa. Du coup, la tension remontent au campus de l’Unikin tandis que l’on s’interroge encore sur la justification de cette violence gratuite et injustifiable des étudiants qui avaient pourtant participé à la fixation des frais académiques qu’ils contestent.
Les agents de l’ordre avaient été déployés au campus de Kinshasa pour encadrer la manifestation des étudiants annoncée la veille pour protester contre le nouveau taux des frais académiques. Selon un communiqué du même Général Sylvano Kasongo avaient été instruits, entre autres, de n’user d’aucune arme létale et de contenir les étudiants dans le site universitaire tout en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’infiltrations malveillantes.
La présence policière a, cependant, comme décuplé l’hystérie de la masse estudiantine ( ?) qui s’est déchaînée sur le dispositif policier avec une violence aussi inattendue qu’inexpliquée. Le bilan final, tel que présenté par la police, dégage déséquilibre éloquent quant aux dégâts de part et d’autre.
Mais le plus important n’est autre que la justification d’une telle contestation pour des frais qui ont été fixés avec le concours des étudiants eux-mêmes. Les montants arrêtés (490.000 Fc pour les classes de recrutement et 485.5000 Fc pour les classes montantes) l’avaient été de manière consensuelle au sein du COPA (Conseil des Partenaires de l’Unikin) composé du comité de gestion, de l’Apukin, des associations du corps scientifique et des corps administratif et technique ainsi que de la coordination des étudiants. Les informations disponibles attentent que les étudiants avaient même obtenu la possibilité d’effectuer un paiement échelonné de ces frais.
Mort d’homme pour des frais académiques parallèles ?
D’un bout à l’autre donc, les étudiants étaient pleinement impliqués dans le processus de fixation des nouveaux frais académiques, même si on peut s’interroger sur la régularité de cette démarche qui semble avoir fait fi de l’arrêté du ministre de l’ESU portant fixation des frais académiques pour année 2019-2020. Selon cet arrêté du 7 décembre 2019, en effet, ces frais sont fixés à 164.700 Fc pour les classes de recrutement, 131.760 Fc pour les classes montantes et 247.050 FC pour le troisième cycle.
Les frais d’inscription sont fixés à 16.470 FC pour le premier cycle et 82.350 FC pour le second.
Qu’à cela ne tienne, ne peut pas comprendre qu’après avoir participé à la fixation des frais autres que ceux définis par l’Etat, ce soit les mêmes étudiants qui les contestent jusqu’à des actes extrêmes de violence qui débouchent sur des pertes en vies humaines. Des actes à ce point injustifiables qu’ils donnent déjà lieu à une certaine surenchère politique de ceux qui y voient une confrontation entre le FCC et CACH, le premier (dont est issu le ministre de l’ESU) étant accusé de vouloir, par ces actes de violence, soulever les étudiants contre Félix Tshisekedi.
Loin de ces considérations loufoques, les actes de violence du campus de l’Unikin devraient interpeler et attirer l’attention des uns et des autres sur la situation sécuritaire générale qui est volatile, tellement volatile qu’elle demeure à la portée du premier quidam qui aurait l’illumination de mettre le feu aux poudres. Il n’y a qu’à observer l’effet d’entraînement que ces événements de Kinshasa ont provoqué en provinces, notamment à Kananga dans le Kasaï Central. De tout temps, comme on le sait, les milieux estudiantins ont toujours été les lieux de prédilection pour des actes d’insurrection et autres manifestations à des fins peu catholiques.
L’on ne devrait pas chercher trop loin la justification de ces actes de violence gratuite, sinon dans la possibilité d’une manipulation ou d’une infiltration ayant eu pour but de provoquer des débordements aux conséquences incalculables. Si tel est le cas, il faut dire que le coup semble avoir porté quelques fruits avec les casses causées, la mort des policiers, mais surtout la tension qui vient, par ces décès, de s’installer entre les agents de l’ordre et les étudiants.
Déjà en fin de journée ce mardi, les deux camps se regardent en chiens de faïence et la tension ne cesse de monter sur et autour du campus universitaire. Les dernières informations rapportent que des étudiants apeurés fuient déjà les homes pour aller se réfugier vers Kimwenza ou à Mbanza Lemba, loin du théâtre des nouvelles confrontations.
JEK